LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT (XVIII/

Faubourgs parisiens - Le survivant du val - Fleuris ton quotidien

Faubourgs parisiens

Sur les trottoirs plantés de chênes rabougris,

Le fleuve des passants déverse la complainte

De l'ennui sirupeux des vies en demi-teinte,

Blotties dans le tréfonds des faubourgs de Paris.

Dans la ville étouffée par des nuages gris,

Des clochards déplorant leur espérance éteinte

Taquinent gauchement des fées aux lèvres peintes,

Qui dardent en retour un regard de mépris.

Aux portes de la nuit, le bruyant labyrinthe

Des avenues pétries d'une allégresse feinte

Abrite un défilé de promeneurs flétris.

Dès que l'aube livide efface les empreintes

Des cauchemars tapis dans les chastes esprits,

Le sommeil engloutit les lascives houris

Le survivant du val

Tandis qu'autour de lui, déchirant le silence,

Les valeureux soldats au regard de dément

Marchent en rangs serrés sous un clair firmament

Où se vautre un soleil puant d'indifférence ;

Le survivant du val, qu'emporte une ambulance

À l'abri du village où meurent crânement

Les conscrits entassés en un charnier fumant,

S'oppose en solitaire au trépas qui s'avance.

Loin des champs dévastés par les bombardements,

Le rescapé, gavé de remèdes calmants,

Retrouve à l'hôpital une fière apparence.

Le fantassin, bardé d'immenses pansements,

Inaptes à cacher ses muettes souffrances,

Lave dans la boisson son âpre déchéance.

Fleuris ton quotidien

Fleuris ton quotidien de bouquets enchanteurs,

Cueillis dans le jardin de la nuit, où tu cesses

D'exercer un travail dont la rigueur t'oppresse,

Pour offrir à ta belle un moment de bonheur.

Enflamme ton esprit d'insatiable lecteur

En découvrant des vers pétris d'une tendresse

Habile à engloutir les regrets qui te blessent

Au fond d'un océan de plaisir rédempteur.

Conduis tes insomnies vers le port d'une ivresse

Zélée à déliter l'écho de tes faiblesses,

À l'orée d'un matin aux présages rieurs.

Lance des chapelets de sonnets à l'adresse

De l'ami qui revient illuminer ton cœur

De ses rêves germés dans un lointain ailleurs.

Patricia Guénot

Patricia Guénot
Società