LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT (XVII/
Grenouille en vadrouille
À l'aurore brumeuse, une jeune grenouille,
Lassée de son étang dont les flots assombris
Forment une prison qui lui ronge l'esprit,
Gémit sur les douleurs de son corps qui se rouille.
Les oiseaux enchanteurs du pays, qui gazouillent
Un concerto radieux dont les accords fleuris
Célèbrent un ailleurs où le soleil sourit,
L'empêchent de tomber tristement en quenouille.
Écœurée par l'odeur des nénuphars pourris
Qu'arrosent à foison de lourds nuages gris,
La belle se décide à partir en vadrouille.
Au fond d'un restaurant qui pue le poisson frit,
L'animal s'évanouit en voyant les dépouilles
Des ses sœurs entourées d'une platée de nouilles.
Désert hostile
Le dôme de silence fiévreux
Répand ses chardons visqueux
Constellés de larmes cristallines.
À l'orée d'un jour sans avenir
L'horizon meurtri retient son souffle
Sous la voûte endeuillée.
Auréolé d'un tourbillon de nuages sarcastiques
Un soleil accablé pointe un rayon fébrile
Qui s'effrite dans un sanglot résigné.
Aux frontières du néant complice
Le ciel revêt son manteau de tristesse
Orné des couleurs sépulcrales de nos errances.
Dans nos coeurs lourds de solitude muette
L'aiguillon funéraire égorge un dernier espoir
Sacrifié aux hyènes assoiffées du futur.
Dans un concerto glacé de pluies diluviennes
L'aube moqueuse annonce un lendemain possible
Aux survivants réfugiés à la lisière du désert hostile.
Musique en fête
Musiciens amateurs, sortez vos instruments.
Illuminez les rues de vos refrains charmants,
Émaillés des accords de vibrantes guitares.
Unissez vos talents en joyeuses fanfares
Habiles à chasser de leurs voix de métal
La tristesse semée par les anges du mal.
Menez par votre jeu les badauds à la danse,
Afin que, le regard rayonnant d'espérance,
Ils lavent les chagrins qui pèsent sur leur cœur
Dans un torrent fougueux de rythmes enchanteurs.
Patricia Guénot